Nihil Nove

30 novembre 2005

Autopsie de l'UDF

La bataille se prépare entre François Bayrou, président du mouvement qu'il a tiré dans l'opposition, et Gilles de Robien, membre du Gouvernement au poste qu'occupa M. Bayrou. Comme je l'ai dit du PS, je le répète de l'UDF: cette association n'est pas un parti, c'est un club d'élus, quelque-part entre le think-tank et la maison de retraite.

Cela dit, je comprends parfaitement la stratégie de M. Bayrou, qui consiste à critiquer la majorité à chaque détour pour continuer à éxister. C'est une stratégie qui n'a rien à voir avec l'intérêt général, et beaucoup à voir avec l'intelligence politique. Donc, chapeau M. Bayrou.

Toutefois, à chaque fois que l'UDF critique le Gouvernement, ils en font une critique de gauche. C'est néfaste pour le débat public, qui s'en retrouve décalé d'une case (encore une!) vers la gauche, mais surtout je pense que c'est un positionnement sur lequel l'UDF ne se retrouvera pas, ni politiquement ni électoralement. Alors, quelle critique faire?

Une critique libérale! Entre la faiblesse de M. de Villepin sur l'économie, les vélléités communautaires de M. Sarkozy, et la politique sécuritaire liberticide de tout le Gouvernement (qui en plus ne fonctionne pas), il y a de quoi faire! M. Bayrou souffre du même problème que M. Fabius: personne ne le croit sincère lorsqu'il parle de justice sociale ou de libéralisme débridé avec des trémolos dans la voix.

En s'inscrivant clairement sur une ligne libérale, il pourrait tirer à boulets rouge sur la majorité tout en s'élevant au-dessus de l'équation « l'UMP c'est pas bien parce que l'UMP c'est pas bien », car il aurait alors une vraie identité, une vraie ligne.

Le genre de ligne autour de laquelle on peut faire un parti, et pas un club.

Le bilan de John Bolton

Voici le genre de nouvelles qui mériterait d'être entendu plus souvent en Europe... Selon le Jerusalem Post, les Nations Unies ont condamné un récent attentat commis par le Hezbollah. Rien de bien extraordinaire, se dit-on, si l'on ne sait pas que c'est la première fois que l'ONU condamne un attentat terroriste contre Israel.

Pourquoi maintenant? La réponse, apparemment, est John Bolton, l'ambassadeur tout feu tout flammes des États-Unis aux Nations Unies, qui fit pression de manière agressive pour contrecarrer l'influence de pays comme notamment l'Algérie, qui voulaient enterrer l'affaire. Le même John Bolton qui fut ardemment critiqué pour avoir empêché le récent sommet des Nations Unies de tourner en rond et d'adopter un projet de réforme pour l'ONU.

Pourtant, ces deux actions naissent d'un même sentiment: celui de la souveraineté. Comme je l'ai déjà signalé, qu'on soit d'accord avec la politique américaine ou pas, on ne peut pas retirer aux États-Unis la gloire d'avoir leur politique, qui leur est propre, et de refuser de céder dessus. M. Bolton (et ses supérieurs) avaient décidé qu'il fallait que l'ONU condamne le Hezbollah, et une fois décidés, rien ne les arrêta. Ils n'écoutèrent pas les arguments, et ils jouèrent de la politique avec les tractations de couloir et les pressions et les chantages, le genre de choses qui permit à Londres de rafler les Jeux olympiques, et ils obtinrent raison.

À l'heure où tout ce que nos ambassadeurs à l'ONU savent faire c'est se faire pincer pour avoir touché des pots de vin à l'occasion du programme pétrole/nourriture, et nos ministres des affaires étrangères hocher du bonnet en disant oui-oui, on ferait bien de moins se moquer du fougueux M. Bolton. Moi j'aime bien ses grosses moustaches blanches.

28 novembre 2005

Racisme, racismes

Il y a quelques jours je citais Shakespeare, changeons de registre:
Quand j'vois la France les jambes écartées j'l'encule sans huile...
Booba
Je fais bien entendu référence à la saisine du Garde des sceaux par deux cent parlementaires, principalement de la majorité, afin d'agir pénalement contre des auteurs de chansons de rap anti-françaises et racistes. (Le Figaro, Le Monde)

Libéral je suis, libéral je reste, et je suis donc opposé par principe à l'interdiction de tout ce qui n'enfreint pas directement la liberté d'autrui, a fortiori de simples paroles, a fortiori artistiques — non pas que ce genre de rap soit de l'art, mais ce n'est pas à l'État d'en décider.

Cela dit, étant donné que l'État a décidé de sanctionner les propos racistes, il serait scandaleux que cette démarche n'aboutisse pas. Il existe en France un vrai racisme anti-blancs, qui a sa clientèle et ses effets néfastes, tout comme les autres formes de racisme. Ne pas le sanctionner au même titre que les formes de racisme plus traditionnelles est non seulement malhonnête, c'est donner des munitions à Jean-Marie Le Pen.

Ce serait un vrai danger pour notre démocratie déjà malmenée de laisser au FN l'exclusivité du combat contre le racisme anti-blanc, car il existe, et mérite de la lucidité et une action ferme.

26 novembre 2005

La Nouvelle Marianne?

Une rumeur circule que la prochaine Marianne serait noire. Pourquoi pas, bien sûr, mais je ne peux m'empêcher de penser que ce serait un scandaleux retour du politiquement correct dans un des lieux de mémoire de la République de choisir une Marianne noire parce qu'elle est noire.

Étant donné le climat actuel, il faut mettre cette rumeur en relation avec les propos exprimés par Alain Finkielkraut dans un entretien récent donné au quotidien israélien Haaretz, où il analyse les émeutes récentes comme, du moins en partie, de nature raciale. J'ai déjà écrit mon admiration pour la pensée et les actions de M. Finkielkraut, mais je pense qu'il a tort sur un certain nombre de points.

Je suis d'accord qu'on utilise bien trop souvent l'explication économico-sociale comme un paravent pudique servant à cacher un vrai clivage identitaire, et je pense que M. Finkielkraut est très fin de faire le lien entre les émeutes et, par exemple, les évènements du match France-Algérie. Toutefois, je pense aussi que si l'on avait le courage de régler les problèmes économiques et sociaux de ce pays, par de vraies mesures comme la libéralisation du marché du travail et un service national obligatoire et général, et non pas à coups de crédits étatiques, les autres problèmes seraient très largement en voie de guérison.

Je pense honnêtement que la France n'est pas un pays raciste, du moins pas encore. Nous sommes un pays bourgeois: l'argent ouvre toutes les portes, quelle que soit la couleur de la main qui le possède. Bien sûr, il se trouve en ce moment qu'il y a en France beaucoup plus de mains blanches qui possèdent et de mains bronzées qui possèdent moins, et c'est regrettable que les conditions pour un changement de cette situation, c'est à dire une vraie liberté d'entreprendre, n'existent presque plus dans notre République.

Mais, dans la vie d'un pays, les problèmes raciaux sont peut être la pire des pestes. C'est une maladie qui, une fois déclarée, ne peut jamais se soigner, à cause de sa nature endémique: une fois un foyer réduit, c'est un autre qui se déclare. La race, du moins en politique, n'existe que dans les yeux, et c'est ça sa perversion: lorsque ça compte qu'on est blanc ou noir, ça compte simplement parce que ça compte. Aux Etats-Unis, qu'il le veuille ou non, qu'il veuille endosser cette identité ou non, Barack Obama est le seul sénateur noir. Antonio Villaraigosa est le premier maire latino de Los Angeles depuis le XIXème siècle. Et ça compte qu'il est le premier maire latino, le seul sénateur noir, uniquement parce que la race est un sujet important aux Etats-Unis. Et la race est un sujet important aux Etats-Unis parce que la race y est un sujet important. Une fois que la race devient un facteur, elle pollue le débat politique pour l'éternité.

En France, la race ne compte guère. Mais à force d'en parler, elle risque de compter. Et une fois qu'on aura ouvert cette boîte de Pandore, il sera impossible de la refermer. On me rétorquera un argument que j'utilise moi même, que toute vérité est bonne à dire, qu'il faut pouvoir écrire des choses qui choquent, toutes choses vraies, mais les mots sont des armes. Il faut savoir les utiliser à bon escient. C'est pourquoi, malgré toute la sympathie qu'il m'inspire, je dois signaler mon désaccord avec les propos de M. Finkielkraut.

Quant à la prochaine Marianne? Il est peu probable que cela advienne à cause de sa position politique, mais je voterais pour Claudie Haigneré. Grand médecin, mère de famille, première femme française dans l'espace, puis homme d'Etat. En voilà un exemple! Et voilà quelqu'un qui incarne plus les valeurs de la République que Brigitte Bardot ou Laetitia Casta.

25 novembre 2005

Autopsie du PS

La gauche est en crise, c'est le moins qu'on puisse dire. Mais, après la réélection de François Hollande (Le Figaro, Le Monde) à son poste de Premier secrétaire du Parti socialiste, très peu de commentateurs semblent faire la bonne analyse de cette crise.

La raison de la crise, c'est que le PS n'est plus un parti. Un parti ça a un électorat: on a vu le soir du 29 mai la différence entre les opinions du PS et le vote de la gauche. Un parti ça a des militants: les membres du PS qui ont voté au prétendu référendum interne sont à 5% des ouvriers, à 25% des femmes, à 40% des retraités, et à plus de 50% des élus. Petits élus, certes, mais appeler un tel éventail d'apparatchiks des « militants » (tout comme appeler un concours de bourrage d'urnes « référendum »), c'est se ficher du monde. Bref, les membres du parti sont des cadres, pas des militants. Les colleurs d'affiches sont des salariés, pas des militants. Bref, le PS n'est plus un parti. En gros, le PS est devenu un club: un club de retraités et d'élus. On pourrait dire que le PS est l'UDF de la gauche, mais puisque l'UDF vient de passer à gauche...

Là est la crise. Pas dans la bataille entre fabiusiens et hollandais, pas même dans le conflit idéologique entre social-démocratie et social-utopisme que recouvre ce conflit de personnes. La crise est liée à la démographie de l'électorat français et à l'organisation du PS. L'ugrence pour la gauche, ce n'est donc pas de trouver un « projet », mais de transformer le PS en vrai grand parti de la gauche, ce qu'il n'a jamais été: déjà après le Congrès d'Épinay François Mitterrand déclairait qu'« il n'y a pas de Parti socialiste, il y a les amis de François Mitterrand ».

Dans ce contexte, le plébiscite qui reconduisit M. Hollande à un poste où il ne fut jamais que le gestionnaire du crépuscule socialiste est une farce. Et on voit ainsi que les barons, obsédés par 2007, qui lui laissèrent cet os pour mieux faire la course à la présidence, se fichent tous de la gauche comme de leur première chaussette, et ne se préoccupent que de leurs ambitions personnelles.

C'est navrant. C'est navrant, non seulement pour la gauche, mais pour la démocratie française en général. Après tout, la droite ne fait pas beaucoup mieux, et il faudra bien que ça change, d'une manière ou d'une autre. Quant au PS, de 21 avrils en 29 mais, il se dirige vers le mur à toute vitesse.

Et en plus, il klaxonne.

22 novembre 2005

Y'a pas photo...

Regardez d'abord ce portrait, puis celui-là,
Ces très fidèles peintures de deux frères :
Voyez quelle grâce était sise en ce visage,
(...) Et voyez ce qui suit.
William Shakespeare, Hamlet, III, 4

Jacques Attali faisait justement remarquer récemment que ce n'est pas seulement la saison de la fraise des bois, mais également la génération Mitterrand. Tous les présidentiables d'aujourd'hui ont passé par son cabinet, et le président de la République d'hier avait conscience de former les cadres du Parti socialiste du lendemain. Et l'histoire a montré que le PS en est aux lendemains qui déchantent...

De là à spéculer que M. Mitterrand qui, au tréfond de son âme, n'était pas plus socialiste que moi, et qui avait un grand sens de l'humour, avait formé ces jeunes loups ambitieux en sachant pertinemment qu'ils s'entre-déchireraient avec acharnement, disqualifiant ainsi le PS et ses idées pour une génération, et faisant d'autant plus apparaître dans l'imaginaire collectif de la gauche l'ancien président comme une figure tutélaire de nouveau Blum, l'unificateur, l'homme providentiel.

Bien entendu, je n'ai rien que mon sens de l'humour tout aussi perverti pour soutenir cette théorie saugrenue, mais elle me plaît tellement que je vais la considérer comme vraie, et la répéter à qui voudra m'entendre.

12 novembre 2005

Apologie du libéralisme

On voudrait souvent que j'aie honte d'être un libéral. Pourtant, c'est un si beau mot! Et c'est une si belle pensée. Le libéralisme n'est pas seulement un courant de pensée économique, mais également politique et morale.

On pourrait le résumer par ce postulat: l'homme est fait pour être libre.

Ce postulat a des corollaires évidents. Transposé en politique, le postulat libéral devient: le but de l'État est de garantir le plus de liberté possible pour ses citoyens. Et en matière économique: l'efficacité d'un système économique est proportionelle à la liberté de ses acteurs. Bien entendu, la réalité est plus complexe, mais voilà la règle générale, étant entendu qu'elle peut souffrir des exceptions. Examinons ça de plus près.

Une éthique de la liberté

Si le libéralisme est une pensée de la liberté, il est bien évident qu'il faut éviter de mal comprendre ce concept, pour éviter de mal comprendre le libéralisme. La liberté bien comprise ne se résume pas à « il est interdit d'interdire ». Au contraire, ce sont des règles solides pour tous qui garantissent la liberté pour tous, ce qui explique mes nombreuses interventions pour défendre la loi, l'ordre et les moeurs publics, qui sont souvent si mal défendus en France par un État qui semble avoir oublié le premier mot de sa devise.

En effet, la liberté cesse d'être synonyme de permissivité lorsque l'on la raccroche à son pendant inévitable: la responsabilité. « Il est interdit d'interdire », c'est faire tout ce que je veux sans considérer les conséquences de mes actes, comme un adolescent. Lorsque je parlais précédemment des mesures du droit français qui fournissent une batterie de défenses au débiteur contre son créancier, je disais qu'elles étaient bonnes dans le principe pour des raisons de justice sociale (ce qui montre que je ne suis pas un ultra-libéral), mais me prononçais néanmoins en faveur d'une nette réduction de ces protections. Pas pour que les grosses, méchantes banques puissent presser les pauvres petits gentils débiteurs comme des oranges, mais parce que ça revient à dédouaner les gens des conséquences de leurs actions: lorsque l'on emprunte à intérêts, ce n'est pas de l'argent gratuit, c'est un engagement que l'on prend.

Si, comme les libéraux le postulent, l'homme est fait pour être libre, c'est donc qu'il doit exercer cette liberté, c'est à dire agir et assumer les conséquences de ses actions. Ainsi le libéralisme est une pensée de la responsabilité, mais aussi de l'engagement : autant de vertus morales.

Libéral et prosaïque

Mais, si le libéralisme est une pensée élevée de la liberté, elle cherche à l'accomplir par des moyens qui peuvent sembler cyniques.

En effet, le libéralisme politique sur lequel sont fondés tous les régimes démocratiques modernes, repose sur le principe du pouvoir qui arrête le pouvoir, afin qu'aucune autorité ne devienne trop puissante. Autrement dit, le libéralisme politique repose sur une présomption irréfragable de malhonnêteté de la part du prince, ce qui change pas mal du droit divin.

De même avec le libéralisme économique: c'est la pensée du fouet. Les économies libérales fonctionnent mieux que les autres parce que si les gens ne travaillent pas, ils sont fichus à la rue. Une économie libérale repose sur la peur de l'entrepreneur d'échouer et de devenir pauvre et sans-abri. Quelle cruauté! Quel cynisme de présumer de la veulerie et de la cupidité fondamentales de l'homme! Il y a là beaucoup moins de joliesse que dans la doctrine socialiste, qui repose sur une présomption de bienveillance universelle.

Et le pire, c'est que cette laideur sur laquelle repose le libéralisme semble être confirmée par les faits, puisque les régimes libéraux fonctionnent le mieux. Il y a en effet beaucoup plus de républiques saines que de déspotes bien éclairés, et j'éspère ne pas avoir besoin de m'étendre sur les mérites comparés des économies libérales et socialistes. C'est comme si le libéralisme mettait à jour notre nature profonde, celle de loups pour nous-mêmes. Sommes-nous donc aussi laids que l'histoire semble nous le montrer? Le but d'une organisation politique est-elle de manipuler cette laideur pour notre intérêt? Est-ce ça, le libéralisme? La belle maxime de la liberté pour la liberté, dépouillée de ses oripeaux attirants, devient-elle homo homini lupus?

Synthèse

Et pourtant, malgré tant de cruauté, le libéralisme repose sur la meilleure, la plus grande idée de vie: celle de la liberté. Le libéralisme nous appelle aux plus hautes sphères de l'être, celles où nous nous réalisons complètement à travers une action autonome et responsable. Le libéralisme allie ce qu'il y a de plus beau et de plus laid dans notre nature.

C'est pour ça que c'est ma doctrine préférée. Contrairement aux idéologies qui reposent sur une idée abstraite de l'homme, le libéralisme repose sur ce que l'homme est vraiment: le mélange du pire et du meilleur.

07 novembre 2005

Les émeutes de 2005

Tout comme Jacques Chirac, le président de la République, j'ai mis longtemps à réagir aux émeutes qui secouent la région parisienne et d'autres banlieues « défavorisées » du pays. Cela faisait des années que les français qui ont des yeux pour voir et des oreilles pour entendre s'attendaient à un évènement dans ce genre. Les causes en sont évidentes.

La complaisance

Encore aujourd'hui, dans la nouvelle formule du Monde (je n'ai pas d'autre raison de le lire), un article absolvait ces « jeunes », prétendument désorganisés et sans motivation, de leurs crimes et délits, et demandait comme réponse plus d'aides publiques. Alors que la police vient de découvrir à Évreux une vraie usine de fabrication de cocktails Molotov, que les bandes de casseurs se coordinent par téléphones portables pour échapper à la police, il est indéniable que la société à affaire à des groupes organisés, méthodiques, et destructeurs.

L'État a arrêté de poursuivre les vols, agressions, cambriolages et destructions de biens. Chacun d'entre nous à une anecdote à raconter. J'ai vu les jeunes roumains découper un parcmètre au tournevis pour en extraire les pièces, sans réaction d'aucun citoyen autour d'eux, se faire attraper par la police, qui l'ont relâchés avec un avertissement. J'ai été cambriolé. Peut-être qu'il y a surpeuplage des prisons et submergement de la justice, mais il est intolérables que presque tous les vols et agressions soient aujourd'hui dépénalisés. Lorsque l'État arrête de respecter le droit, il ne doit pas s'étonner qu'il en aille de même pour sa population.

L'exclusion

Êtes-vous jamais allé dans une cité? Moi oui. Ces barres qui enferment l'horizon sont désespérantes, littéralement. Il ne faut pas s'étonner que, grandissant dans cet environnement de déshérence et de chômage, les jeunes gens aient envie de se flinguer, ou de flinguer les autres. Seulement, ce qui est vraiment criminel, c'est que l'État entretient cette situation.

Les « jeunes des cités » sont-ils pauvres? Pas vraiment. Ils ont des téléphones portables, des voitures, ils s'habillent à une certaine mode. A part les caïds, ils ne vivent pas vraiment de trafics. Surtout de subventions.

C'est notre système de protection sociale, qui dissuade les patrons d'engager un employé qu'ils ne pourront renvoyer et crée du chômage, qui provoque le manque de perspectives. C'est notre système de subventions qui les entretient dans ces limbes, hors de la clandestinité, hors de la société. C'est notre système de bureaucratie qui gère avec minutie l'agencement architectural des HLM mais ne se préoccupe pas des gens qui les habitent qui crée ce bouillon de culture de sédition armée.

Pour changer les banlieues, pour ramener ces émeutiers dans le droit chemin, ils faut qu'ils trouvent du boulot, des formations. Et pour ça, il faut permettre aux entreprises d'assurer la vie économique du pays, en baissant les impôts et en réformant le Code du travail.

Ca serait un bon début.

06 novembre 2005

Quel avenir pour la Syrie?

L'expérience de la résolution de l'ONU sur la Syrie démontre un adage qu'on pourrait résumer ainsi: « Les États-Unis seuls peuvent presque tout ; les États-Unis et la France ensemble peuvent tout. » Mais maintenant que la volonté politique de ne pas laisser passer l'assassinat de Rafic Hariri existe, qu'en faire?

Sanctions internationales?

Ah, le vieil arsenal onusien... Les sanctions internationales, en pratique, ça serait un embargo. Ca tombe bien, ça rime avec fiasco. Les dictateurs se fichent bien des embargos: ils continuent à bien vivre alors que leurs peuples péréclitent. De plus, faire un embargo à un pays qui a des ressources en pétrole revient à vouloir retenir l'écume de la mer entre ses mains ou, plus pratiquement, à donner le feu vert à un autre trafic de pétrole qui remplira les comptes en Suisse des apparatchiks syriens tout en vidant les caisses du pays. Et, au lendemain du scandale pétrole/nourriture, fournir l'occasion rêvée de nouveaux trafics, c'est jouer avec le feu.

Changement de régime?

Regime change. Si vous tendez l'oreille du côté de Washington, c'est ce dont rêvent les penseurs du département d'État américain. Renverser Bashar El-Assad et la junte militaire qui le tient au pouvoir et installer une démocratie libérale à la place. Il est sûr que sa minorité alaouite qui tient le pouvoir est plus restreinte que le groupe sunnite dont était issu Saddam Hussein, et que sa dictature à papa est moins destructrice que le despotisme fou de l'ancien moustachu de Bagdad, qui ne préserva aucune structure de direction du pays. L'après-Assad serait donc mieux gérable que l'après-Saddam, surtout avec le soutien de la communauté internationale.

Changement d'attitude?

Soyons pragmatiques. Je déteste la dictature de M. Assad, mais faire joujou avec une autre guerre et un autre changement de régime au Moyen-Orient, en ce moment, c'est pour le moins risqué. Quand on prend un dictateur avec la main dans le pot de confiture, on peut lui tirer des concessions. Une des grandes victoires diplomatiques du président des États-Unis, George Bush, aura été de faire rentrer la Lybie dans le concert des nations sans tirer un coup de feu, grâce aux attentats de Lockerbie. C'est peut-être cynique, mais l'attentat qui a tué M. Hariri et vingt-deux autres innocents peut avoir des conséquences positives pour le Moyen-Orient.

La Syrie est un facteur d'instabilité au Moyen-Orient, car elle y soutient tous les mouvements terroristes anti-occidentaux. Certes, elle n'a plus les moyens d'une politique active de terrorisme d'État, mais en rendant ses frontières perméables aux terroristes palestiniens d'un côté, et irakiens de l'autre, elle leur fournit une aide vitale. En effet, ce qui a toujours fait l'efficacité des mouvements de guerilla, c'est l'existence de « havres » où se regrouper, se ravitailler, lécher ses plaies avant de repartir. La Syrie, où les troupes américaines et israéliennes ne peuvent bien entendu pas poursuivre les terroristes sous peine d'entamer une nouvelle guerre, est ce havre pour les palestiniens et irakiens. En obtenant de la Syrie qu'elle ferme ses frontières, la France et les États-Unis pourraient nettement assainir l'atmosphère souvent nauséabonde de cette région.

En plus de cette aide pratique, la communauté internationale pourrait obtenir un changement d'attitude. Je pense par exemple à la rhétorique anti-sioniste dont la dictature de M. Assad fait souvent usage, parce que c'est facile de faire appel à la démagogie arabisante pour se donner un petit surcroît de d'importance. Je pense aux partis d'opposition, que ne font que figure de potiches sous peine d'emprisonnement ou pire.

Je pense surtout à la confiscation des biens de l'État, notamment de l'infrastructure pétrolière, par les alliés claniques de M. Assad, qui est en déchéance depuis. Si des entreprises occidentales pouvaient reprendre en main le potentiel pétrolier du pays, moderniser tout ça, introduire une graine d'économie de marché dans ce pays socialiste, qui amène avec elle l'esprit d'entreprise, l'esprit d'ambition, bref l'esprit de liberté, il y aurait là un vrai changement, souterrain d'abord, certes, mais qui ensuite mènerait probablement à une démocratie beaucoup plus forte et beaucoup plus efficace qu'une démocratie imposée par force d'armes, fussent-elles onusiennes.

M. Assad a fait une erreur tragique en ordonnant (ou en laissant faire, ce n'est pas encore clair) l'assassinat de M. Hariri. Mais la communauté internationale peut retourner cette erreur, et en faire une occasion de renouveau pour un pays dont l'histoire et la culture méritent bien mieux qu'il n'a reçu jusqu'à présent, et pour une des régions les plus turbulentes du monde.

02 novembre 2005

Libéralisation des renseignements téléphoniques

C'est la fin du 12! Les renseignements téléphoniques sont ouverts à la concurrence. (Le Figaro, Le Monde)

Bien sûr, je suis content de cette libéralisation. Mais comme tous les Français, je suis un peu embêté d'avoir à choisir un opérateur et apprendre un nouveau numéro. Ah, que c'est dur, le progrès...

Si je choisis, je choisirai un opérateur qui, contrairement à mon opérateur précédent, ne délocalise pas dans le Maghreb (ou ailleurs). Un peu hypocrite de ma part, oui, c'est vrai, puisque je soutiens les délocalisations qui aident les économies du tiers-monde. Toutefois, à chaque fois ce fut une mauvaise expérience.

« — Bonjour, je voudrais le numéro du diocèse de Paris.
— Le quoi?
— Le diocèse de Paris.
— Je vous demande pardon, le quoi?
— Le diocèse de Paris, le diocèse.
— Le diesel?
— Le di-o-cèse, les autorités catholiques de la ville de Paris!
— Ah! Jevousremerciedenousavoirchoisiaurevoir. »

Et de me déconnecter et de m'envoyer le mauvais numéro par SMS.

Bref, comme d'habitude, je paierai plus cher pour un meilleur service.

Interdiction de fumer dans les lieux publics?

Le député UMP Yves Bur a déposé une proposition de loi visant à interdire de fumer dans les lieux publics. (Nouvel Obs, TF1)

Qu'est-c'que j'disais? La voilà la vieille obsession de la mort. On nous parle de principe de précaution, cette rationalisation de notre hantise. On nous parle de 3 000 morts dus au tabagisme passif, une statistique, comme toujours, sans source ni contenu.

La seule statistique que j'ai pu trouver dans ce sens est une étude de 1993 de l'Agence de protection de l'environnement américaine, qui aurait trouvé 3 000 morts par an du tabagisme passif aux États-Unis, ce qui change nettement l'échelle. Cette étude fut ensuite discréditée par nombre de scientifiques et un tribunal, qui l'écarta comme preuve dans un procès lié au tabac à cause des nombreuses erreurs commises dans l'étude en question.

Plus récemment, en 2002, l'Agence internationale pour la recherche sur le cancer, une branche de l'Organisation mondiale de la santé, a fait une étude sur le tabagisme passif, et n'a trouvé qu'un « faible lien entre les risques de cancer et l'exposition au tabac à la maison ou au travail ».

Ces études récentes discréditent les chiffres et les idées préconcues que, malgré tout, on avance aujourd'hui. Dans les années 1980, on parla d'une augmentation de 25% du risque du cancer du poumon à cause du tabagisme passif. On sait aujourd'hui que c'est complètement faux, mais on entend parfois ce chiffre.

Bref, le tabagisme passif est un mythe incapacitant, auquel il ne faut surtout pas se plier à cause d'un quelconque principe de précaution — qui est un autre mythe incapacitant.

P.S. Je ne fume pas.

01 novembre 2005

Qui a tué la mort?

C'est la Toussaint. Je ne me sens donc pas hors de propos en voulant écrire aujourd'hui sur la mort.

Réjouissant sujet!

Il faut pourtant en parler, d'abord parce que ce n'est pas grave, la mort, et ensuite parce que l'attitude de notre société face à elle est étrange et paradoxale. Évoluons-nous, comme le craignait Jean-Paul II, vers une culture de mort?

Évaluation des dégâts.

Plus personne ne porte le deuil. Plus de crêpe, de grands brassards noirs... Les corbillards ont été banalisés pour ne pas choquer par leur nécessité. Un quart des gens choisissent maintenant la crémation et la dispersion, geste égoïste qui déréalise leur mort à leurs yeux mais empêche que leurs proches ne puissent leur rendre visite aux cimetières, qui disparaissent donc peu à peu, de manque d'intérêt, un peu comme les églises.

Il était de bon ton, au milieu des louanges unanimes qui suivirent la mort de Jean-Paul II, après les critiques unanimes qui accomagnèrent sa vie, de trouver « de mauvais goût » d'exposer son cadavre pour qu'il reçût les respects de son peuple. Nous sommes loin du culte des reliques... Le cadavre est devenu un objet horrible. Une vénération mêlée de peur a été remplacée par une peur pleine de dégoût. Il est devenu intolérable de veiller un cadavre, a fortiori d'embrasser un cadavre, ce qui est pourtant un très bon moyen de lui dire au revoir.

Une personne, intelligente, diplômée, qui se rendit à des funérailles dut s'en échapper, prise d'une attaque de panique, lorsqu'elle conceptualisa qu'un cadavre se trouvait à l'intérieur du cerceuil placé devant l'autel. Elle avait déjà assisté à des messes des morts, mais l'idée du corps à l'intérieur de la boîte en bois ne lui était jamais venue.

Nous cachons et délaissons nos vieux, certes parce que ça coûte cher de faire autrement, mais aussi, je pense, parce qu'ils sont un rappel permanent de l'échéance. Plus grave encore peut être, il faut à tout prix protéger les enfants de la mort. Pourquoi? Nul ne sait. Après une mort, une mère expliqua ainsi le fait à sa fille: « Grand-père s'est endormi pour toujours ». La fille en question se trouva bien sûr incapable de s'endormir le soir venu.

Toutes les sociétés ont des tabous, comme la nôtre. Seulement, la nôtre diffère parce que nous avons consciemment détruit tous les mécanismes sociaux, les rites, qui permettent aux sociétés traditionnelles de transformer ces tabous en ciment social.

Et si, par exemple, la destruction des mécanismes qui protégeaient le sexe l'ont transformé en centre de préoccupation collective, qu'on ne peut tourner la tête ou allumer la télé sans rencontrer, la destruction des rites qui entouraient la mort ont provoqué son escamotage universel. Nous avons de l'éducation sexuelle, mais plus d'éducation mortuaire: les enfants sont dispensés de veillée (lorsqu'il y en a), les jeunes ne font plus la guerre, les adultes veulent être réduits en cendres, et les vieux, ces spectres, sont cachés comme autant de présages inconvenants.

En somme, le constat est que nous avons voulu tuer la mort. Et nous avons certainement tué la culture de la mort que nous avions, comme chaque société en a une. En tuant la culture de la mort, avons-nous réussi à créer une culture de vie? En avalant la potion d'oubli, avons-nous trouvé le bonheur?

Le philtre

Notre société rejette la mort avec la rage du traumatisé: il est vrai que, en même temps que nous vivons plus longtemps, nous nous tuons de mieux en mieux. Et notre rejet de la mort se double d'une affirmation farouche de la vie, d'un fanatisme qui mène à des excès dangereux.

« La vie est notre bien le plus précieux », proclame-t-on souvent. La peine de mort a été supprimée au nom du prix de la vie. Et même si un bien ça s'aliène, ceux qui veulent donner leur vie sont considérés comme des fous, et plus comme des nobles. Il n'est guère plus acceptable de mourir volontairement que pour sauver d'autres vies: seule la vie est plus précieuse que la vie. Vouloir mourir pour l'honneur ou pour Dieu est devenu complètement absurde, et mourir pour la patrie n'est plus du tout doux ni glorieux.

En fait, ça tourne à l'obsession. Ne pas mourir, jamais, à aucun prix, même le plus cher: en 1938, Munich fut justifié par beaucoup qui dirent que certes, ce n'était pas très honnête, mais qu'on allait quand même pas crever pour la Tchécoslovaquie. Et en 1940, c'est bien cet amour de la vie qui fit notre défaite: nous avions autant de chars que les troupes nazies, et le déséquilibre entre nos forces était probablement moins grand alors qu'en 1914. C'est la volonté qui manquait: leur besoin effréné de tuer n'était égalé que par notre volonté effrénée de vivre. Et cette volonté n'a fait qu'augmenter, au fur et à mesure que notre vie s'allonge.

Il suffit d'allumer la télévision pour voir que la mort, condamnée à l'oubli, projette son ombre partout. Comme le roi Midas, dont l'avarice augmente en même temps que la richesse, plus nous vivons longtemps et mieux, plus l'idée de la mort nous apeure. Chaque émission pullulle de rubriques santé et de reportages, qui prescrivent notre comportement. Des magazines entiers sont consacrés à cette obsession de la santé.

Ces ordres doivent d'ailleurs moins à la médecine qu'à la statistique: si vous faites ceci, vous avez tant de chances d'avoir un cancer. Si vous faites cela, votre espérance de vie est réduite de tant. La société la plus libertaire du monde se comporte comme la plus puritaine. Chaque fumeur porte en lui la culpabilité déchirante de son acte délétère, concaincu par la société qu'il commet un acte répréhensible mais incapable de s'arrêter.

Nous sommes frappés de campagnes d'intimidation qui nous interdisent de boire, de fumer, de manger ce qu'on veut, de faire l'amour comme on veut... Alors même que nous avons plus de sécurité et de prospérité que jamais, il faut nous interdir de jamais en jouir. Et la peine est unique: la mort.

Le philtre a échoué. Nous sommes comme Lady Macbeth qui voit toujours le sang sur ses mains. Nous avons tué la mort, et nous la voyons partout. Elle nous obsède. La culture de la mort a été remplacée par la culture de mort.

Quelle définition de la vie?

On l'a vu: alors même que nous faisons de la vie notre dieu tutélaire, qu'elle devient notre but et pas notre moyen, la mort prend de plus en plus d'importance. Mais de quelle vie s'agit-il?

Ce sont les mêmes qui proclament cette souveraineté de la vie qui sont les premiers à réclamer la mort pour les vieux et les malades, les handicapés et les enfants à naître, comme autant de droits fondamentaux de l'homme. La vie, délice suprême de l'éxistence, est de plus en plus réservé à une élite. Nous la refusons à ceux que nous jugeons incapables, c'est-à-dire indignes, d'en jouir.

C'est en effet l'argument en faveur de l'avortement: les laisser exister, c'est les condamner à une vie qui ne vaut pas le coup d'être vécue. C'est aussi l'argument en faveur de l'euthanasie: ces pauvres vieux, ces pauvres malades, leur vie ne se résume plus à grand'chose, donc il vaut mieux encore les tuer.

La vie n'est plus un droit, c'est un privilège. Et ce sont ceux qui sont jugés a priori dignes de ce privilège qui jugent si les autres le sont. C'est la mère qui décide si la vie du bébé vaudra le coup d'être vécue. C'est celui qui pousse le bouton qui décide si le mourant veut encore se battre.

Nous avons tué la mort pour nous donner à la vie, mais nous tuons nos semblables comme sacrifice à la vie. Elle est devenue plus importante que les idées, les croyances, les valeurs morales, ou même l'absolution des crimes. Elle est le serpent qui se mord la queue: nous vivons pour vivre, et nous vivons pour exalter la vie. Seulement, malgré toutes nos actions déspérées pour nous divertir de cette réalité, notre vie n'est pas un cycle infini. Nous allons tous mourir. Eh oui.

Et pourtant, dans une course effrénée, en même temps que nous renions à nos semblables ce bien si précieux, cette cagnotte sur laquelle nos doigts se crispent, nous cherchons à la forger pour pouvoir nous en prolonger la jouissance. Les expériences sur les embryons et les manipulations génétiques nous permettront bientôt de bâtir la chose humaine à notre convenance.Le XXème siècle fut le siècle de l'allongement de la vie. Le XXIème sera probablement celui de sa modification.

Là est l'engrenage de la tragédie. Mortels prométhéens obsédés par notre condition, nous avons construit une culture de mort en faisant de la vie notre chose. Par son mépris de la religion, de la morale et de la tradition, et surtout par sa volonté de changer l'homme, cette culture se rapproche du totalitarisme, la malédiction intermittente de notre civilisation.

Oh! Je n'oserais pas être le seul à avancer une telle thèse. Jean-Paul II, qui mérite d'être écouté, constata les mêmes faits et posa la question avant de mourir, et laissa son point d'interrogation en suspens.

Je n'oserai répondre à la question. Je suis résolument moderne, et je crois résolument dans le progrès. Le but de cet article n'est pas prôner la marche arrière pour la marche arrière, et la tradition pour la tradition. Je suis bien conscient de ce qu'il y a d'absurde à penser que la civilisation la plus libre et la plus prospère de l'histoire soit en réalité totalitaire. Cependant... Cependant je ne peux pas nier cette obsession de la mort, qui salit nos actes. Je ne peux pas nier que je suis de la génération des survivants de l'avortement. Je ne peux pas oublier que, en faisant des expériences sur nous-mêmes, nous jouons avec un feu potentiellement plus dangereux encore que le feu nucléaire. Alors, je ne saurais être moi même, catholique, citoyen, penseur, et ne pas poser la question qui semble être révélée par tant d'actes et d'idées de notre société.

Eh bien, la question est posée, et une chose est sûre: quelque soit la réponse, nous allons la découvrir.