Nihil Nove

25 novembre 2005

Autopsie du PS

La gauche est en crise, c'est le moins qu'on puisse dire. Mais, après la réélection de François Hollande (Le Figaro, Le Monde) à son poste de Premier secrétaire du Parti socialiste, très peu de commentateurs semblent faire la bonne analyse de cette crise.

La raison de la crise, c'est que le PS n'est plus un parti. Un parti ça a un électorat: on a vu le soir du 29 mai la différence entre les opinions du PS et le vote de la gauche. Un parti ça a des militants: les membres du PS qui ont voté au prétendu référendum interne sont à 5% des ouvriers, à 25% des femmes, à 40% des retraités, et à plus de 50% des élus. Petits élus, certes, mais appeler un tel éventail d'apparatchiks des « militants » (tout comme appeler un concours de bourrage d'urnes « référendum »), c'est se ficher du monde. Bref, les membres du parti sont des cadres, pas des militants. Les colleurs d'affiches sont des salariés, pas des militants. Bref, le PS n'est plus un parti. En gros, le PS est devenu un club: un club de retraités et d'élus. On pourrait dire que le PS est l'UDF de la gauche, mais puisque l'UDF vient de passer à gauche...

Là est la crise. Pas dans la bataille entre fabiusiens et hollandais, pas même dans le conflit idéologique entre social-démocratie et social-utopisme que recouvre ce conflit de personnes. La crise est liée à la démographie de l'électorat français et à l'organisation du PS. L'ugrence pour la gauche, ce n'est donc pas de trouver un « projet », mais de transformer le PS en vrai grand parti de la gauche, ce qu'il n'a jamais été: déjà après le Congrès d'Épinay François Mitterrand déclairait qu'« il n'y a pas de Parti socialiste, il y a les amis de François Mitterrand ».

Dans ce contexte, le plébiscite qui reconduisit M. Hollande à un poste où il ne fut jamais que le gestionnaire du crépuscule socialiste est une farce. Et on voit ainsi que les barons, obsédés par 2007, qui lui laissèrent cet os pour mieux faire la course à la présidence, se fichent tous de la gauche comme de leur première chaussette, et ne se préoccupent que de leurs ambitions personnelles.

C'est navrant. C'est navrant, non seulement pour la gauche, mais pour la démocratie française en général. Après tout, la droite ne fait pas beaucoup mieux, et il faudra bien que ça change, d'une manière ou d'une autre. Quant au PS, de 21 avrils en 29 mais, il se dirige vers le mur à toute vitesse.

Et en plus, il klaxonne.