Nihil Nove

21 octobre 2005

Le XXIème siècle sera souverain ou ne sera pas?

L'action militaire de l'Amérique contre l'Irak et ses positions moins détonnantes mais également solitaires sur la Cour pénale internationale et le Traité de Kyoto furent des affirmations frappantes du statut unique des Etats-Unis en tant que dernier Etat vraiment souverain.

Zbigniew Brzezinski, grand gépolitiste américain, dressa ce constat de l'effrittement de la souveraineté dans le monde.

Il est vrai que cet effritement est souvent le produit de phénomènes bénéfiques, et en tous cas inévitables, comme la mondialisation, qui tisse des réseaux d'échanges entre les Etats qui leur empêchent ensuite d'agir de manière trop détachée de celle de leurs voisins.

Mais il est également vrai que, en tous cas en Europe, cet effritement porte des marques beaucoup plus inquiétantes. On l'a vu lors du débat sur le Traité instituant une Constitution pour l'Europe : l'argument de beaucoup de défenseurs du OUI était que nous n'avons pas le choix. Michel Barnier, le ministre des affaires étrangères d'alors, traita Philippe de Villiers, partisan du NON, avec un mépris indigne d'un homme de plus de 14 ans, sans parler d'un homme d'Etat, en dépliant pour lui une carte du monde où la France était coloriée d'une couleur, toute petite, et la Chine, l'Inde, la Russie, les Etats-Unis, d'une autre couleur, gigantesques. Merci de ce cours de géographie, M. Barnier.

Tout se passe comme si la France n'était plus une réalité tangible. Certes, elle existe encore, mais elle est ostéoporotique, cassante, flasque, elle ne saurait durer encore trop longtemps. Elle ne saurait certes pas avoir de politique! Surtout pas indépendante! Non mon général, impossible de faire une bombe nucléaire, nous sommes trop petits! Quoi! Sortir de l'OTAN? Quelle arrogance! Vouloir avoir une politique indépendante, la France, ce canton de l'univers, ce ciron! Quelle blague!

Tout se passe de plus en plus, en somme, comme s'il était devenu impossible de n'être plus d'accord. Il est impossible d'avoir sa position. Une fois que la communauté internationale (oxymore si jamais il en fut) s'est prononcée, la décision a autorité absolue de force jugée. Une fois que le concert des nations donne le la, on a intérêt à chanter juste, sinon! Sinon quoi? Sinon, rien, mais il faut hurler avec les loups néanmoins.

Vouloir abandonner la souveraineté de la France à cause de sa taille, c'est comme vouloir abandonner notre Constitution à cause de M. Chirac. Pourtant cet état d'esprit délétère continue à prospérer. Aujourd'hui plus que jamais, la liberté du monde dépend de la grandeur de la France : on le voit au Moyen-Orient, en Afrique. Nous n'avons pas seulement un devoir envers nous-mêmes et nos enfants, mais également envers ces continents que nous avons ensemencés de notre esprit, et que nous ne pouvons abandonner!

A chaque pays qui était dans un état de morosité, de déclin, la renaissance est d'abord venu par celle des coeurs et des esprits : ce fut comme ça que MM. Reagan ou Clémenceau furent élus. C'est par là qu'il faut commencer. Le reste suivra.