Nihil Nove

07 octobre 2005

Le Nobel de la paix à El Baradei

En plus ça rime... L'AIEA et son directeur-général Mohammed El Baradei ont reçu le Prix Nobel de la paix. (AFP)

Contrairement au Nobel de médecine, attribué à deux petits de leur science, récompensés pour leur obstination malgré le refus de la communauté scientifique de prendre leurs découvertes sur l'origine bactérienne de l'ulcère au sérieux, celui-ci fut attribué à un des grands favoris de cette année.

Il est bien, soixante ans après Hiroshima et bientôt vingt ans après Tchernobyl, qu'une organisation qui a eu un rôle plutôt bénéfique — malgré toutes les inepties qu'on a pu dire sur le nucléaire, civil ou militaire — soit ainsi récompensée.

Toutefois, je vais quand même grogner un peu. On sait que le Prix Nobel de la paix n'est pas attribué par la Fondation Nobel de Stockholm, mais par une autre académie, à Oslo, qui a une habitude de faire des choix un peu douteux. A commencer par celui de Winston Churchill, grand homme d'Etat, mais qui en promettant du sang et des larmes ne s'était pas vraiment fait chantre de la paix. Lui qui fut pourtant persécuté par les créanciers pendant toute sa vie d'adulte refusa donc le prix et le million qui va avec — on lui donna le prix de littérature en compensation, pour des Mémoires plutôt moyens. Je ne parle même pas de Yasser Arafat, qui fut le terroriste le plus recherché de la planète puis, en tant que chef de l'Autorité palestinienne, comme l'évolution plutôt pas trop mauvaise de la situation en Palestine depuis sa mort l'a montré, il fut l'obstacle principal à la paix.

Bref, comment donner crédit aux élucubrations d'une académie qui récompense le terrorisme mais refuse ses lauriers à Jean-Paul II? Ils ont eu quinze ans entre la chute du Mur et sa mort, et ils ont refusé avec obstination. Cette décision ne contraste guère avec leur tradition de conformisme politiquement correct: les Etats-Unis cherchèrent cette année à obtenir la démission d'El Baradei à cause de ce qu'ils considèrèrent comme de la faiblesse et de l'incompétence sur le dossier iranien.

Le comité d'Oslo du Prix Nobel me fait penser à la direction de l'Université d'Oxford, qui refusa à Margaret Thatcher, pourtant un ancien élève et la première femme Premier ministre, le doctorat honoraire traditionnellement accordé aux anciens élèves d'Oxbridge ayant accédé aux hautes charges de l'Etat. Ou aux quatre prix Nobel qui, au début de mai 68, envoyèrent un télégramme au général de Gaulle demandant que le Gouvernement cesse face aux gesticulations estudiantines, un laxisme qui provoqua les évènements insurrectionnels qui suivirent. En somme: l'élitisme et la prétention à la pensée supérieure au service d'une idéologie.

Après l'assassinat du duc d'Enghien seulement un souverain européen renvoya sa Légion d'honneur à Napoléon, et on voit mal comment un homme vraiment intègre pourrait accepter l'éloge d'une association avec un comportement aussi inepte.