Nihil Nove

05 octobre 2005

Le Figaro nouveau (1/2)

Première partie

Dans la série des nouvelles qui font parler tout Paris mais ne changent rien à rien: que penser de la nouvelle formule du Figaro?

3,4 centimètres de marge en moins, plus de photos plus grandes (et donc moins de mots), une maquette plus moderne, épurée, disaïgne, avec une grande bande bleue comme le Financial Times. Et le transfert des articles de culture et vie quotidienne dans un troisième supplément « Et vous », pour bien séparer les vieux, qui aiment la politique et pas le cinéma, des jeunes, qui aiment le cinéma et pas la politique. C'est bien connu.

Blague à part, ma réaction à ce changement est: pourquoi pas.

Pourquoi pas séparer la partie principale du journal en deux, ce qui semble inepte, mais a malgré tout un sens lorsqu'on considère la stratégie de Nicolas Beytout, le directeur de la rédaction du Figaro, qui consiste à boucher les fuites du bateau — les ventes n'arrêtent pas de baisser depuis plusieurs années — en attirant un nouveau lectorat: les jeunes.

Je suis encore moins hostile à l'idée de mettre plus d'images et moins de mots, ce qui a pourtant dû faire rugir plus d'une grand-mère, parce-que les prosateurs en général, les journalistes en particulier, et moi le premier, ont trop souvent tendance à oublier la phrase immortelle de Pascal au sujet d'une de ses Lettres provinciales : « Je n'ai fait celle-ci plus longue que parce que je n'ai pas eu le loisir de la faire plus courte. » Puisque, de toute manière, il est impossible dans un quotidien de rentrer dans le fond d'un sujet, autant encourager la concision, des articles secs et efficaces.

Mais bon, j'ai bien peur de rêver en évoquant la prose pascalienne. Dans deux articles sur l'Afrique placés côte à côte, j'ai vu la même citation d'Oumar Kounaré, ancien président du Mali, certes frappante, mais qui n'avait pas besoin de faire l'incipit de deux articles voisins — de deux auteurs différents, certes, mais c'est à ça que servent les réunions de rédaction, non? Naturellement, à Nihil Nove, avec un seul chroniqueur, elles sont assez vite faites. Et il y a également les manies d'écriture du Figaro. Certes il ne se sert pas des guillemets comme autant de banderilles à la manière du Monde, mais il a cette habitude exaspérante de précéder la fin de phrases de points de suspension comme si c'était la chute... d'une mauvaise blague.

Le Figaro a bien besoin de nouveaux lecteurs, et si cette nouvelle formule peut les aider, tant mieux. Toutefois, je ne pense pas que ça suffira. J'expliquerai cela bientôt dans la seconde partie de cet article.