Nihil Nove

27 juin 2005

Les lectures de l'été

L'été a ses « tubes », mais également ses livres : les fameux romans de plage . Pour beaucoup, les vacances sont l'occasion de s'éloigner des tourments de la vie citadine, de puiser une eau nouvelle à ses sources intérieures, et la lecture, pour laquelle l'on a pas le temps durant l'année, est un excellent véhicule pour ce voyage intérieur . Loin de vouloir faire des suggestions à nos lecteurs, laissez-moi seulement évoquer avec quels ouvrages, pendant ces vacances qui s'annoncent longues comme un jour sans vent, je compte me rafraîchir .

Ce qui pour moi est un bon livre d'été, c'est un livre court . Puisque la chaleur m'empêche de mettre vestes et manteaux, dont les poches peuvent contenir de larges volumes, je passe le mois de juin à m'abattre comme un rapace sur les livres au format fascicule que je peux glisser à l'arrière d'une poche de jean, complétant avec une fausse négligence la panoplie de l'intellectuel parisien . Interrompue, donc, la lecture de la nouvelle édition des Mémoires d'outre-tombe .

Relancée, par contre, mon affection pour la collection Librio, ces petits livres à 2€, mal imprimés sur du mauvais papier mais valant presque toujours leur besant . Mises à part certaines concessions à un certain esprit de mode, comme des « topos » sur tel ou tel sujet d'actualité, les éditeurs de cette collection ont le talent de la trouvaille : à côté des courts textes les mieux connus de notre littérature j'ai acheté à l'occasion de détours par stations de service, buralistes et autres commercants qui avaient des livres entre les cartes postales et les briquets, nombre de textes que j'ai ensuite toujours lu avec plaisir . Je recommande par exemple, à l'amateur comme au novice, leur anthologie de la science-fiction en cinq volumes . Je recommande surtout de prêter attention au rayon Librio de votre librairie .

Mis à part Librio, j'ai découvert à l'occasion de ma recherche de petits livres de nombreux ouvrages d'autres collections . Par exemple Novecento, monologue théatral de l'auteur italien contemporain Alessandro Baricco, oeuvre très jolie qui ne me donne qu'une envie : aller acheter son roman Soie, plus épaix qu'un fil du tissu éponyme mais néanmoins assez mince pour mon pantalon, devenu depuis le solstice l'étalon de ma consommation littéraire . Parmi mes autres découvertes, l'on trouve d'Alain Besançon, de l'Institut, Le Malheur du siècle, bref essai sur le nazisme et le communisme qui exprime des vues auxquelles j'adhère avec beaucoup plus de précision et de rigueur que je ne le pourrais, ou encore un Nietzsche de Stefan Zweig .

Allez dans votre librairie, avec un peu de chance elle est climatisée . Faites le tour des petits livres . Et, que vous alliez en vacances à la campagne, à la mer ou à la montagne, n'oubliez pas d'y lire un petit fascicule déformé et maltraité—bref, vivant—par un séjour dans votre poche révolver .