Nihil Nove

14 juin 2005

Comment aider l'Afrique?

M. Blair a tellement bien géré son pays qu'il lui faut maintenant en trouver d'autres à remettre sur pieds .

Cet excellent communiquant sait croquer des desseins politiques nets : après avoir déclaré que ses trois priorités pour son second mandat seraient : « l'éducation, l'éducation et l'éducation », il a tenu une allocution remarquée devant les membres de son parti peu avant l'ouverture de la campagne qui a mené à sa récente victoire .

Il y évoquait, non sans raison, le devoir moral des pays développés de venir en aide à ce continent sinistré qu'est l'Afrique . Il est vrai que la Grande-Bretagne, comme la France, a une histoire longue et perturbée de présence africaine ; l'on a peu parlé en France des problèmes qu'ont suscité les politiques de M. Mugabe au Zimbabwe, comme l'on a probablement peu parlé outre-Manche des tribulations liées à M. Gbagbo .

Il reste que, à l'occasion de la prochaine réunion du G8 et en tirant profit de la dette politique de M. Bush envers M. Blair, celui-ci a obtenu en un tournemain la suppression de 40 milliards de dollars de dette africaine .

Bien .

Seulement, ce n'est pas ce qui règlera le problème africain, et M. Blair le sait . La misère africaine n'est pas seulement liée à l'oppression de la dette, déjà maintes fois annulée, mais à d'autres facteurs autrement plus complexes .

L'on pense aux maladies, le SIDA, dont on parle, et le paludisme dont on parle moins parce-qu'il tue moins de riches, mais réduit des zones entières du continent, plus grandes que notre pays, à une inimaginable détresse .

L'on pense à l'égoïsme protecteur des grandes puissances agricoles—les États-Unis et la France—dont les subventions agricoles et les régulations sanitaires empêchent les produits agricoles africains de percer sur les marchés mondiaux .

L'on pense surtout à l'absence presque totale sur ce continent d'un droit respecté, et l'absence d'États pour assurer ce droit .

Tous ces facteurs posent un problème très complexe, dont la solution est donc loin d'être simple, mais une chose est certaine : ce problème ne pourra être réglé non pas à coups d'argent ou de contraintes indirectes, mais uniquement avec une collaboration directe et proche entre les États des pays développés et les pays africains, visant à l'érection de véritables États en Afrique qui pourront y garantir les droits de l'homme et y permettre le développement économique .