Nihil Nove

27 février 2006

Chapeau, Silvio

Il semble que le monde entier s'est moqué du dernier « dérapage » du premier ministre italien Silvio Berlusconi. En effet il a déclaré récemment: « Je suis le Jésus-Christ de la politique. Je suis une victime patiente. Je supporte tout. Je me sacrifie pour tout le monde. »

Rien qu'ça.

Je comprends qu'on rigole. Toutefois, avant de se gausser, peut être faudrait-il remarquer que ce propos si cocasse est tombé le même jour où l'Union, la fragile alliance de gauche que dirige Romano Prodi, candidat au poste de M. Berlusconi, publiait son programme de gouvernement.

Cet évènement fut tout simplement balayé dans les médias par la petite remarque de M. Berlusconi. Remarquez, ce n'est pas bien difficile à comprendre étant donné la texture assez pâteuse de l'ouvrage, qui chiffre quand même à 379 pages. Ceux qui ont essayé de s'attaquer aux motions du Parti socialiste, mélange de pâte molle à l'étouffe-chrétien et de ganache de bonnes intentions enrichie au glucose, me comprendront sans peine.

En effet l'Union de M. Prodi comporte sept différents partis allant du trotskisme à la démocratie chrétienne, de l'extrême gauche au centre droit, et le programme en question s'en ressent, ammoncellement de mesurettes et de compromis plus ou moins vaseux où chacun — sauf les électeurs — doit trouver son compte.

Encore une fois, M. Berlusconi a donné une leçon de politique à la gauche lorsqu'il a voulu établir le programme de son alliance, groupe guère moins hétérogène allant du centre à l'extrême droite: il a tout simplement annoncé huit mesures phares avant même d'avoir consulté ses alliés, qui, malgré des grommellements initiaux, ont bien dû se rallier à son projet.

Jacques Chirac, George W. Bush, Silvio Berlusconi: autant de leaders politiques qui ont été réélus à la surprise générale à force de coups dans ce genre. Plus ça va, plus j'ai l'impression que la clé du succès en politique c'est de faire croire aux autres qu'on est con.