Nihil Nove

30 janvier 2006

Des pôles de solidarité

Tiens, allez, pour alimenter le débat d'idées si anémié, je vais offrir une proposition. Cadeau. A qui la veut. Elle plaira aux socialistes, aux sociaux-démocrates, aux centristes, au centre-droit et même à la droite. Satisfait ou remboursé.

L'idée est de compléter (ou de confronter, selon qu'on est dans la majorité ou dans l'opposition) les fameux pôles de compétitivité avec des pôles de solidarité. Tout comme les pôles de compétitivité qui, par un système d'incitations fiscales et de communication accrue entre les acteurs, intensifient l'activité économique à certains endroits, les pôles de solidarité utiliseraient des mécanismes similaires afin de renforcer les services publics là où ils en ont le plus besoin.

On me rétorquera avec raison que des initiatives allant dans ce sens existent déjà, notamment pour inciter les entreprises à employer dans les banlieues difficiles, sans parler des ZEP. Toutefois, force est de constater que ces initiatives sont des échecs cuisants. J'y vois deux raisons principales.

La première est le manque de visibilité de ces initiatives, qui serait compensé si elles étaient regroupées sous une appellation commune dans un projet commun.

La deuxième, surtout, est le fait que notre réponse principale aux problèmes des zones difficiles est simplement d'ouvrir plus grand le robinet à fric. Et les shadoks pompaient, pompaient...

Les pôles de solidarité alloueraient leurs financements sur la base de projets communs à tous les acteurs (sphères publique, économique, associative...) et de contrôles sur l'application de ces projets, afin de fournir une vraie incitation (en bon français, on dit incentiver les acteurs) à la performance.

Dans les banlieues, le tissu associatif est maintenu sous perfusion par les subventions, les transformant en simples extensions de l'État. Inscrire une logique de projet dans l'allocation de ces subventions permettraient de lui rendre de la vitalité, en faisant partir l'initiative d'en bas et pas d'en haut, en rendant à l'État son rôle de soutien aux acteurs.

Il faudrait aussi inciter les entreprises, non seulement à employer et former dans ces endroits, ce qu'elles ne font pas assez, mais aussi prendre le relais des services publics dans un contexte d'économie mixte d'abord, puis libérale ensuite. Donner un job et de la formation à un ancien détenu au sein d'une entreprise qui rend un service public ferait gagner tout le monde: la réinsertion, le rendement des services publics, et l'entreprise.

Créer des fondations pour lever des fonds privés afin de financer les lycées, comme Richard Descoings entend le faire en Seine Saint-Denis. Le service civil facultatif aurait là également son rôle à jouer.

Bref, le potentiel d'idées est infini. Dans tous les cas, il s'agirait d'inscrire les zones défavorisées dans une logique qui ne soit ni celle de l'assistanat ou de l'abandon, mais au contraire une logique de reprise de l'activité économique, des services publics, et de la vie sociale.

Si les français plébiscitent la gestion de la crise des Banlieues par le Gouvernement, ils jugent sévèrement son action afin d'en résorber les causes, notamment parce que cette action manque de lisibilité et de cohérence. Les pôles de solidarité me semblent une bonne idée pour régler ce problème.

Avis aux amateurs...