L'opéra bouffé
Je suis allé hier à l'opéra (je sais, très chic) au Châtelet, voir Siegfried.
J'étais heureux, car je suis un fan de musique classique, particulièrement d'opéra, particulièrement de Wagner, et particulièrement de sa Tétralogie. Et j'en ai eu pour mon argent (j'étais invité) : si la musique était excellente, avec un chef d'orchestre impeccable et des voix exceptionnelles, la mise en scène relevait purement et simplement du foutage de gueule.
Passons sur le fait que Siegfried, adolescent exubérant et sans peur, était joué par un sexagénaire ventripotent. Il avait une voix formidable, et ça compte plus que le physique. Passons sur les décors et costumes « épurés » à l'extrême, intégralement dépourvus d'imagination. Passons.
La mise en scène elle, était une honte. Aucun mouvement. Quand je dis aucun mouvement, c'est aucun mouvement. Lorsque le personnage de Mime est censé forger une épée, il reste debout en tenant un marteau au-dessus de lui, son maquillage et l'éclairage lui faisant rappeler les fresques de la propagande socialiste, immobile alors que les coups de cloche répétés censés figurer ses coups de marteaux s'additionnent. La musique entraînante du combat de Siegfried contre le dragon est rendue absurde par un Siegfried immobile, surplombé par une tête géante, toute aussi immobile. Le moment où Siegfried lime l'acier de son épée pour pouvoir la reforger est retranscrit ainsi: le chanteur prend un morceau d'épée et le pointe du doigt. Il reste ainsi immobile pendant plusieurs minutes.
Bref, on nage dans le concept.
Ce qui m'énerve, ce n'est pas tant de savoir que le metteur en scène est probablement un ancien maoiste reconverti dans le trotskisme qui se balade en Mercedes.
Ce qui est véritablement scandaleux, c'est qu'à une époque où l'opéra est en crise intellectuelle et financière, notamment parce que les gens le considèrent comme un art trop élitiste, ces gens, au lieu de vouloir infirmer ce préjugé, font de leur mieux pour le confirmer.
Je suis un grand amateur d'opéra, et, si certains snobs sont très heureux de faire de leur clique un club aussi fermé que possible, je ne rêve que de voir ce noble art acquérir un vrai attrait populaire. Mais pour y arriver, il faudra commencer par vider tous ces branleurs qui aiment à se confire dans leur arrogance incestueuse.
J'étais heureux, car je suis un fan de musique classique, particulièrement d'opéra, particulièrement de Wagner, et particulièrement de sa Tétralogie. Et j'en ai eu pour mon argent (j'étais invité) : si la musique était excellente, avec un chef d'orchestre impeccable et des voix exceptionnelles, la mise en scène relevait purement et simplement du foutage de gueule.
Passons sur le fait que Siegfried, adolescent exubérant et sans peur, était joué par un sexagénaire ventripotent. Il avait une voix formidable, et ça compte plus que le physique. Passons sur les décors et costumes « épurés » à l'extrême, intégralement dépourvus d'imagination. Passons.
La mise en scène elle, était une honte. Aucun mouvement. Quand je dis aucun mouvement, c'est aucun mouvement. Lorsque le personnage de Mime est censé forger une épée, il reste debout en tenant un marteau au-dessus de lui, son maquillage et l'éclairage lui faisant rappeler les fresques de la propagande socialiste, immobile alors que les coups de cloche répétés censés figurer ses coups de marteaux s'additionnent. La musique entraînante du combat de Siegfried contre le dragon est rendue absurde par un Siegfried immobile, surplombé par une tête géante, toute aussi immobile. Le moment où Siegfried lime l'acier de son épée pour pouvoir la reforger est retranscrit ainsi: le chanteur prend un morceau d'épée et le pointe du doigt. Il reste ainsi immobile pendant plusieurs minutes.
Bref, on nage dans le concept.
Ce qui m'énerve, ce n'est pas tant de savoir que le metteur en scène est probablement un ancien maoiste reconverti dans le trotskisme qui se balade en Mercedes.
Ce qui est véritablement scandaleux, c'est qu'à une époque où l'opéra est en crise intellectuelle et financière, notamment parce que les gens le considèrent comme un art trop élitiste, ces gens, au lieu de vouloir infirmer ce préjugé, font de leur mieux pour le confirmer.
Je suis un grand amateur d'opéra, et, si certains snobs sont très heureux de faire de leur clique un club aussi fermé que possible, je ne rêve que de voir ce noble art acquérir un vrai attrait populaire. Mais pour y arriver, il faudra commencer par vider tous ces branleurs qui aiment à se confire dans leur arrogance incestueuse.
posted by nihilnove at
15:30
1 Comments:
Pour ma part, je suis allé voir la Walkyrie ce premier avril avec le rédac'chef de Nihil Nove, dans la même production que le Siegfried ici commenté.
Extraordinaire : quelle musique ! Sublime, c-à-d à la fois géant et magnifique, voilà une musique qui te submerge complètement, qui t'envoûte, rien de plus beau n'a jamais été écrit.
En plus de cette musique incomparable, une poésie lyrique, de beaux sentiments rarement dépeints avec cette force (amour filial entre Wotan et Brünhilde, amour de Sieglinde et Siegmund, jalousie, inceste, adultère, vengeance, cynisme, tendresse immense dont est baigné tout cet opéra... ), une puissance dramatique à couper le souffle : ça t'arrache les larmes !
Et les voix, les voix ! Sauf Siegmund (Endrik Wottrich), très belle voix wagnérienne mais sans la puissance nécessaire. Il s'est excusé, sa gorge... Sinon, nous avons atteint les marches de la perfection : Wotan (Jukka Rasilainen) était bouleversant, Sieglinde (Petra-Maria Schnitzer) formidable - la meilleure de tous à mon sens - et Linda Watson (la même Brünhilde que j'ai entendue en janvier dans Siegfried et le Crépuscule), sans être une diva, s'est fort bien défendue.
As-tu déjà un jour entendu, cher lecteur, une diva, ça fait une énorme différence. J'appelle diva une cantatrice qui rend fou, qui a un charisme tel que tu ne peux lui échapper, et bien sûr des dons lyriques à nuls autres pareils, d'ailleurs elle rend les foules dingues. Une bête de scène.
Franchement, la mise en scène, de Bob Wilson, n'était pas à la hauteur. Placido Domigo, qui devait chanter Siegmund, s'est excusé, en raison de cette mise en scène. Alors nous avons eu l'enroué, dommage.
By
Anonyme, at 11:45
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