Nihil Nove

16 décembre 2005

La dette, problème politique majeur

Tout d'abord, un peu de clientélisme. Alors que le rapport Pébereau estime la dette à 2000 milliards d'euros, une opinion de mon père publiée au Monde l'estime à 3000. (Le Monde)

L'étendue de la dette de l'État et son effet sur l'économie démontre l'invalidité des méthodes de gauche avec lesquelles la France a été gouvernée depuis 25 ans. Le keynésianisme, l'idée selon laquelle la dette de l'État peut stimuler la croissance, a été réfutée par l'absurde: nous n'avons jamais eu tant de dette, nous n'avons jamais eu si peu de croissance. Il convient enfin de sortir de la mentalité selon laquelle plus l'État est dépensier, plus on affecte d'argent à un projet, meilleur il est. Il faut revenir au conservatisme fiscal, avec des impôts bas et des budgets équilibrés.

Mais surtout, ce qu'il est important de retenir à propos de la dette, c'est que ce n'est pas un problème de comptabilité ou de gestion de l'État, mais bien un problème politique majeur.

C'est d'abord un problème politique car c'est une camisole de force pour les décideurs politiques. La nécessité de rembourser la dette empêche la baisse des impôts dont notre pays a pourtant tant besoin pour relancer la croissance. Elle empêche surtout d'entreprendre des projets politiques. Un ministre qui veut lancer un projet n'a tout simplement pas d'argent pour le faire, et pas de possibilité d'en avoir.

C'est ensuite un problème social car elle attaque le lien social comme les termites attaquent les poutres d'une vieille maison. La rareté de l'argent public exaspère les corporatismes. Chaque intérêt particulier veut bénéficier d'une prébende, comme les cafetiers avec leur réduction de TVA, le tout au mépris de l'intérêt général. Elle attaque le lien entre les générations, qui est pourtant assez endommagé comme ça.

C'est ça qui est crucial dans la dette, et il y a là un vrai devoir d'éducation du peuple français à faire. Les français savent bien que l'explosion de la dette, oui, d'accord, c'est grave, bien sûr, mais ils ne savent pas à quel point c'est grave. Même moi j'ai écrit pour me moquer de toutes nos préventions contre la dette.

Toutefois, elle est arrivée à un niveau qui est très inquiétant pour l'état de la République. Ce sujet, comme tant d'autres, montre la nécessité d'enfin sortir du mode de gestion socialiste de l'État. C'est à dire réduire drastiquement le nombre des fonctionnaires. C'est à dire mettre ceux qui restent au travail. C'est à dire privatiser tout ce qui n'est pas régalien ou stratégique dans l'État.

C'est possible : la Nouvelle-Zélande, et même le Canada et la Suède, modèles pourtant de social-démocraties, ont réduit le nombre de fonctionnaires drastiquement, ont contractualisé ceux qui restent pour les responsabiliser, ont bravé la douleur et la difficulté des réformes. Mais pour faire ces réformes difficiles, il faut le soutien du peuple, et pour avoir le soutien du peuple, il faut lui faire prendre conscience de la gravité des problèmes qui l'attendent. La République ne se réformera, ne se rénovera qu'avec le peuple français.