Nihil Nove

15 décembre 2005

Bayrou 1, Robien 0

Lors de la réunion du Bureau politique de l'UDF, Gilles de Robien, ministre de l'éducation nationale et avocat d'une réorientation de ce parti vers une alliance avec l'UMP, fut proprement défait, n'y rencontrant aucun soutien et exclusivement des amis de François Bayrou, président du mouvement, qui l'enmène toujours plus à gauche. (Le Figaro, Libération)

Tant pis pour lui. Comme je l'ai déjà dit, je pense honnêtement que la stratégie de M. Bayrou, si elle fonctionne médiatiquement en ce moment car elle permet de distinguer UDF et UMP, ne fonctionnera pas politiquement sur le long terme, car les électeurs du centre ne voteront pas pour un projet de gauche. Si j'étais membre de l'UDF, je serais partisan de Gilles de Robien, toute girouette et suiveur de la tendance générale qu'il est. Et encore, comme j'ai un tempérament à sombrer avec le navire, peut-être resterais-je fidèle à M. Bayrou...

Toujours est-il que je ne suis pas à l'UDF, et je suis donc content que M. Bayrou l'emporte dans son parti. Avec un peu de chance, plus il se radicalisera, plus il se marginalisera, plus l'UMP sera tentée de ne faire qu'une bouchée de son mouvement aux prochaines législatives et, enfin, il n'y aura plus qu'un grand parti de la droite républicaine.

Le bipartisme est la forme adulte de la démocratie. En tant que libéral, je suis bien entendu mille fois pour la pluralité d'idées et le débat : justement, ce débat entre courants démocrate-chrétien, libéral, souverainiste, etc. doit avoir lieu à l'intérieur d'un grand parti de la droite, sans que la fidélité à un homme ou à une idée plutôt qu'envers le chef ne soit ressentie comme une abominable trahison, comme ce fut trop souvent le cas dans le RPR, mais simplement comme une preuve de pluralisme qui apporte de la force démocratique au parti dans son ensemble, comme c'est généralement le cas dans les grands partis anglais, américains, allemands, etc.

L'obstination des grands partis à laisser de petits groupes comme les communistes pour le PS, et l'UDF pour l'UMP, exister, me stupéfie. Le pouvoir aime pourtant le pouvoir! Pourquoi le grand ne mange-t-il pas le petit? Pour une fois que c'est dans l'intérêt général...

J'aimerais que le Gouvernement prenne son parti (sans jeu de mots) de modifier les articles L123 et L126 du Code électoral pour que les députés soient élus au scrutin uninominal majoritaire à un tour, le seul mode efficace. Dans un monde parfait ce mode de scrutin serait même constitutionnalisé par le Congrès car, structurellement, il permet l'émergence de deux grands partis, qui sont la condition d'une démocratie stable.