Nihil Nove

21 décembre 2005

L'Iran, suite (et fin?)

L'Iran continue à faire parler de lui, et cette fois-ci c'est sérieux: non pas des propos certes abjects mais légers en conséquences, ce coup-ci ils recommencent sur le terrain du nucléaire. (Libération, L'Express)

Plus ça va, plus cette affaire sent le roussi. On l'a vu avec Osirak, Israël ne laissera pas (et avec raison) une puissance extrêmiste de son voisinage acquérir la bombe. De plus, l'Iran est fortement isolé. Non pas au niveau international, où la Chine lui échange la technologie dont il a tant besoin contre le pétrole dont elle a tant besoin, et où la Russie s'en sert comme atout contre les États-Unis, mais au niveau régional. Contrairement aux irakiens ou aux palestiniens, les iraniens ne sont pas des arabes sunnites, mais des perses chiites. Leurs voisins ne bougeront pas un petit doigt pour eux — au contraire.

L'échéance est clairement les élections législatives américaines de 2006. Malgré leurs difficultés actuelles, les républicains ont de bonnes chances de l'emporter car le découpage des circonscriptions favorise les candidats à la réelection, mais ce à condition qu'il n'y ait pas de nouvelle flambée au Moyen-Orient (et que la bulle immobilière ne s'effondre pas trop vite). Mais après ces élections, ils auront la voie libre jusqu'en 2008: c'est à ce moment que des choses risquent de se passer.

Quel sera le rôle de la France à ce moment-là? Notre politique au Moyen-Orient est, il faut le dire, un échec. Certes, la rue arabe nous aime bien, mais ça ne nous protège pas du terrorisme et ça ne nous donne pas d'avantages politiques. Quand il s'agit d'apparaître à la télé pour dire qu'il faut libérer nos otages, aucun problème, on peut trouver des extrêmistes à la pelle. Mais pour les libérer vraiment, là il faut casquer, comme tout le monde. Ca fait 40 ans qu'on achète du pétrole aux arabes à des prix supérieurs à ceux du marché pour leur faire plaisir, qu'on aide les palestiniens à construire les infrastructures dont ils ont besoin pour construire leur économie, et qu'a-t-on reçu en échange? On brûle moins le drapeau français que le drapeau américain. Super.

Nous avons réussi à revenir grâce à l'heureuse crise du Liban. Mais, au moment de la crise de l'Iran, il nous faudra transformer l'essai. Serons-nous alors à la hauteur de nos responsabilités? Je n'en sais rien.