Nihil Nove

17 décembre 2005

Article de DSK

J'invite les anglophones parmi vous à lire l'article On a Modern Path (fichier .DOC) de Dominique Strauss-Kahn, bientôt publié dans The Economist, mon journal fétiche, pas tant à cause de son caractère éditorial franchement libéral qu'à cause de la rigueur et de l'intelligence de son travail, dont il n'y a aucun exemple comparable en France.

Il s'insurge contre la mentalité du Français moyen qui veut à tout prix devenir fonctionnaire et appelle à la création d'une culture de l'entrepreunariat en France. Et, bien entendu, il déclare s'inspirer du modèle suédois: comme le disait déjà Alain Peyrefitte il y a une trentaine d'années, les français se font de la France une certaine idée de la Suède.

J'éspère que M. Strauss-Kahn, s'il devient jamais président, n'oubliera pas que le bon état actuel de l'économie suédoise est dû à des coupes sombres dans le budget de l'État, et à la mise de la très majeure partie des fonctionnaires au statut de contractuels, astreints à résultats sous peine de renvoi, ce qui est loin d'être le cas pour les serviteurs de notre État tant endetté.

En tous cas, cette manie de s'inspirer à tout crain de la Suède, depuis tous les points de l'échiquier politique, est énervante. D'abord parce que je me souviens d'avoir parlé avec un suédois dans un pub londonien, qui se plaignait des impôts trop élevés, des fonctionnaires qui ne foutent rien, etc.

Certes, il y a des choses à retenir de leurs institutions. Mais n'oublions pas que la Suède est un pays neutre, sans véritable armée et certainement sans politique étrangère, sans devoirs envers l'humanité et l'histoire. Le but d'une vraie politique en France ne doit pas seulement être de relancer l'économie et de remettre en état notre système aberrant de justice sociale (ce qui est déjà pas mal, je suis bien d'accord), mais bien de s'attaquer aux grands défis du XXIème siècle: l'unité de notre société, la construction européenne, l'islamo-fascisme, la définition de la vie... Tous ces sujets mondiaux sur lesquelles une voix française n'est pas entendue, alors qu'il est de notre devoir de la faire entendre plus haut que les autres.

Le modèle suédois peut donc être une source d'inspiration pour nous, mais pas un modèle, parce que la France a, ou doit avoir, d'autres aspirations.